De toutes les atrocités commises en Amérique Centrale durant les décennies des dictatures militaires (1970-1990), la " disparition " est l 'expression la plus sinistre du terrorisme d'Etat. Les auteurs de ces crimes sont souvent connus. Mais, liés aux forces armées ou à la police, ils demeurent protégés par des lois d'amnistie. Un tel affront aux familles des victimes et aux droits de l'homme peut il servir de base à une démocratie authentique, n'encourage-t-il pas le " nettoyage social " ?
Au Salvador, au terme d'un conflit qui se solde par 75 000 morts, la Commission de la vérité, constituée sous l'égide des Nations Unies, rend public son rapport le 15 mars 1993. Un réquisitoire : des officiers se sont rendus coupables de 15 777 exécutions sommaires, 2 308 disparitions, 1 650 cas de tortures et ont fait 11 175 victimes en attaquant des civils sans défense. Globalement, les responsabilités sont attribuées aux agents de l'Etat, aux paramilitaires et aux " escadrons de la mort " pour 85 %¨des cas. La publication de ce rapport entraîne... une loi d'amnistie accordant notamment l'impunité aux responsables du meurtre de 6 jésuites, le 15 Novembre 1989. Parmi ces responsables, le ministre et le vice ministre de la défense, le colonel Ponce, chef d'état-major, nommément cité dans le rapport de la Commission de la vérité. Le président Cristiani n'hésitera pas à les promouvoir au grade de général de division pour qu'ils jouissent d'une retraite au niveau maximal, et Ponce sera intégré au staff de la nouvelle association présidée par monsieur Cristiani, destinée à la promotion... de la paix dans le pays.
Quant au Guatemala* - " le pays des cent Oradours ", toujours en guerre -, s'il y a eu, au cours des négociations de paix qui s'éternisent, accords pour créer une Commission de la vérité, il est exclu que les responsabilités dégagées par celle-ci entraînent qui que ce soit en justice.
Autre incrimination possible, celle de crime contre l'humanité même si cette dernière n'a jamais été inscrite dans une convention internationale mais figure, pour l'essentiel, dans des résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU. Sans oublier la convention des Nations unies sur la répression de la torture de 1984 et la convention de l'Organisation des Etats américains sur les " disparitions forcées " de 1994. Par ailleurs, le crime contre l'humanité est un concept de droit international, lequel ignore la prescription. " Si on dit que les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles, a fortiori ils sont inamnistiables."
Il serait à l'évidence aisé à la communauté internationale de mettre en cause les gouvernements accordant l'impunité. Mais jusqu'où faire remonter les responsabilités ? On fait généralement remonter l'organisation de la " lutte antisubversive " en Amérique latine à 1960. C'est oublier le coup d'état fomenté par la CIA, en 1954 au Guatemala. En 1966, dans ce pays pour la première fois seront mis les procédés des " disparitions ", des escadrons de la mort, des exécutions extrajudiciaires et de la torture systématique...
* Le gouvernement et la coalition de groupes armés d'opposition Unidad Revolucionaria Nacional Guatemalteca (URNG, Union révolutionnaire nationale guatémaltèque) ont signé le 29 décembre 1996 un traité de paix définitif, qui met un terme à la plus ancienne guerre civile d'Amérique centrale
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