La quinzaine contre
lesclavage contemporain
- Létat dun scandale -
F.A.Q.(Foire aux questions)
les formes d'esclavage
Dans l'imaginaire de beaucoup, l'esclavage s'identifie à la traite d'esclaves du 18ième et 19ième siècle et à son cortège cauchemardesque d'horreurs. Ainsi on se laisse trop facilement persuader que l'esclavage n'est qu'un anachronisme barbare du passé et qu'il a été éradiqué par les lois de 1848, ou par la déclaration des droits humains en 1948.
C'est faux, totalement faux. Nous vivons actuellement une époque de haut-esclavagisme. Aujourd'hui le nombre d'êtres humains qui vivent dans les conditions d'esclavage dépasse de beaucoup les esclaves des siècles passés.
Les formes d'esclavage sont multiples et elles varient avec l'époque, la culture et le système économique.
Les différentes formes d'esclavage aujourd'hui :
Cette forme d'esclavage est caractérisée avant tout par la notion d'appartenance. L'esclave est la possession du maître. Il est acheté, vendu, (parfois avec des papiers en bonnes et dues formes). Les enfants nés des esclaves sont normalement considérés comme appartenant au maître et peuvent à leur tour être vendus.
Cette forme d'esclavage à l'ancienne continue à sévir (bien que théoriquement illégale) en Mauritanie
Il s'agit de mariages ou la femme, sans avoir le droit ou la possibilité de refuser, est promise à un autre, ou est transférée à une autre personne, ou, à la mort de son mari, peut être donnée en héritage à une tierce personne.
Certains estiment que les mariages forcés, font partie de la tradition ancestrale et le patrimoine culturel de certaines sociétés et, par conséquent ont une certaine légitimité. D'autres parlent du non-respect des droits de l'individu.
A mesure que les cultures s'entrecroisent, le problème se pose d'une façon de plus en plus aiguë. On estime à 1 000, le nombre de jeunes filles britanniques, contraintes par leurs familles à des mariages forcés au Pakistan, aux Indes et Bengladesh.
Le Dr Ghayasuddin Siddiqui, chef du Parlement Musulman au Royaume Uni, a fait remarquer que le mariage forcé est contraire à la loi islamique. (Référence : Antislavery Reporter, Oct. 1999) Le parlement britannique vient de lancer une enquête indépendante à ce sujet.
Exemple : Le
témoignage d'Aberash Beckie A l'âge de 14 ans et sur la route de l'école, Aberash Beckie fut enlevée par 7 hommes. Battue, fouettée on l'amena à la maison de Gemechu Kebede où elle était violée et séquestrée. Selon la coutume du pays (L'Ethiopie) "faire la cour" implique l'enlèvement et viols répétés. Une fois la fille enceinte, on la proclame femme du ravisseur. Aberash a rejeté cette "tradition" de la manière la plus radicale. Elle s'est enfuie, elle s'est procuré un fusil et a abattu Gemechu. |
Référence : Antislavery reporter oct. 1999
Le servage pour dette est une forme d'esclavage qui existe depuis toujours, mais qui est actuellement la forme d'esclavage la plus répandue dans le monde. (Asie du sud, Brésil, le Pérou, les Philippines) Elle est en augmentation à cause de la pauvreté et la demande pour une main d'uvre temporaire et bon marché.
A cause d'un besoin pressant d'argent immédiat (par exemple, pour soins médicaux, mariage, mauvaise récolte) les gens sont amenés à faire des emprunts, qui seront remboursés par le travail. Cependant, les salaires sont si bas et les taux d'intérêts si élevés que le remboursement devient impossible. Jamais une évaluation sérieuse n'est faite du temps de travail qui correspondrait à la dette. Fréquemment, des familles entières sont concernées, parfois la dette est "héritée" dune génération à une autre.
Exemple: Joao Buenos : Joao Buenos travaille sur une exploitation de résine au Brésil. Il a été vendu à ce ranch à l'age de dix ans. Il est endetté au magasin du ranch, où il est obligé d'acheter sa nourriture. Il dit "Il va falloir que je travaille 14 heures par jour pour le restant de ma vie pour m'acquitter de la dette". Il est maintenant moitié aveugle à cause des produits toxiques utilisés pour traiter la résine. Sa fille Ana Maria a 14 ans et elle a travaillé presque toute sa vie à côté de son père. Son unique salaire est une portion de riz et de haricots chaque jour pour manger. Elle n'a jamais été à l'école. |
Référence : Référence : K. Abraham. "Cause to communicate", Antislavery International, 1998
Partout dans le monde les travailleurs domestiques sont mal protégés par la législation par rapport au salaire minimum et aux conditions de travail. Parfois des conditions mauvaises basculent en esclavage. Ceci est rendu possible en partie du fait que fréquemment, il s'agit de gens qui vivent sous le même toit que les employeurs, donc isolés de leurs familles et du réseau et tout témoignage qui pourrait éventuellement offrir une mesure de protection, et aussi c'est une population vulnérable ; femmes, enfants, immigrés.
Ce qui est nouveau dans l'esclavage domestique est le fait que dans les pays riches, parce qu'un minimum social est assuré et par conséquent une main d'uvre, corvéable et bon marché manque, on commence à trouver à grande échelle l'importation du personnel venu du tiers-monde.
Les abus, et les conditions d'esclavage sont fréquents. Confiscation de l'autorisation de travail et des papiers d'identité, séquestration, refus de verser le salaire promis, et diverses formes de violence. Ces gens vivent paradoxalement en plein milieu de l'Europe ou de l'Amérique, où justement, il y a une législation sur les conditions de travail, et des lois qui pourraient, plus ou moins, les protéger, mais ils n'osent pas, ils ne peuvent pas et ils ne savent pas saisir les autorités compétentes.
Dans les pays sont très pauvres, le travail des enfants est parfois essentiel à la survie de la famille. Mais, de plus en plus, on voit basculer un travail d'enfants "acceptables" vers des conditions d'exploitation d'esclavage pour des besoins économiques des marchés extérieurs.
Au Pakistan, au Népal, au nord des Indes, des milliers d'enfants travaillent à la fabrication de tapis. Le prétexte donné est que leurs mains sont petites et plus agiles, mais la vraie raison est d'ordre économique. En certains ateliers, des enfants travaillent de 6 heures du matin à minuit.
Les enfants se trouvent là parce que leurs parents se sont dans l'impossibilité de subvenir aux besoins d'une famille, ou parce qu'on leur promet, hébergement, salaire et éducation. Les cas de maltraitance sont fréquents.
Quand ils grandissent leur vie est en ruines. Souvent en mauvaise santé ; inflammation des poignées et arthrite, malformation des os à force d'être assis accroupis, la vue endommagées par un mauvais éclairage, ils sont rejetés et remplacés par des plus jeunes.
Exemple : Le témoignage de
Munnilal Uttar Pradesh - Indes : On a promis aux parents de Munnilal en échange d'un payement de 250 Rupees qu'il recevra une éducation à l'école et il ne travaillera dans l'atelier que pendant son temps libre pour un salaire. Il n'a jamais été payé, il n'a jamais été à l'école. Après sa libération Munnilal a dit " "Les parents qui venaient à l'atelier s'enquérir sur leurs enfants étaient chassés à coup de bâtons et les enfants qui demandaient après leurs parents étaient battus et brûlés par des cigarettes et les autres n'osaient plus se plaindre. |
Référence : Référence : K. Abraham. "Cause to communicate", Antislavery International, 1998
C'est une forme d'esclavage qui utilise des apparences de légalité comme appât pour attirer des populations acculées à la misère. Un contrat est proposé, apparemment conforme au code du travail pour un emploi dans un atelier, une usine ou sur une exploitation agricole éloignée. Une fois sur place cependant, les gens se trouvent dans une situation d'esclavage ; papiers confisqués, ils sont retenus par contrainte, par violence, ou par chantage moral (peur de déportation si l'on fuit sans ses papiers on est devant la police dans une situation d'illégalité.)
Il s'agit souvent d'esclavage à durée limitée. Une fois les besoins d'un chantier, une commande ou les deux ou trois ans avant qu'une prostituée ne contracte le Sida, l'esclave est rejeté.
C'est la forme d'esclavage avec le taux d'expansion le plus fort car offrant des rendements très élevés.
On le trouve en Asie du sud-est, le Brésil, le moyen orient, et aussi dans des ateliers clandestins en Europe.
Exemple
: Le témoignage de Ronaldo J'ai quitté mon village natal parce qu'il n'y avait pas de travail. Je suis allé de ville en ville mais il n'y avait rien. Un jour un camion est arrivé dans le quartier (un bidonville de Minas Gerais). Il y avait un "gato" (agent recruteur) qui nous offrait du travail avec contrat dans les "batterias" (campements de charbon de bois) dans les forêts à Mato Grosso (éloigné de plus de 1000 km). Il nous a promis nourriture, hébergement et un bon salaire. Chaque mois, on devait nous ramener par camion pour visiter la famille et porter de l'argent. Avant de partir, on nous prêtait de l'argent pour acheter de quoi manger pour le voyage. Une fois arrivés on a compris qu'on s'était trompé. On était à 80 km du village le plus près. Les conditions étaient terribles - même pour des bêtes. Tout autour, il y'avait des gens armés. Le gato nous a dit. "Vous me devez de l'argent. C'est pas la peine de penser à partir." |
Référence : K. Bales. "Disposable people", University of California Press", 1999
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