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Janvier 2000 SF 00 R 01
Lasile en France après lentrée en vigueur de la loi du 11 mai 1998
Lasile
dit " constitutionnel "
Lasile territorial
Lextension de la
procédure " prioritaire "
La situation des demandeurs admis au
séjour
Aujourdhui, le système daccueil des demandeurs dasile qui arrivent sur le territoire français est en crise. En 1999, les demandes ont fortement augmenté aux frontières extérieures et dans une moindre mesure sur le territoire . Laccroissement de ce nombre nest pourtant pas la seule cause.
La procédure de détermination de la qualité de réfugié sallonge, dans plus de la moitié des cas les demandeurs continuent de recevoir un rejet sans avoir été entendus en première instance et environ 10 % seulement se voient reconnaître le statut de réfugié. Le grand nombre de rejets nous inquiète dautant plus aujourdhui que les préfets ont été incités fin 1999 à augmenter les éloignements de manière "significative ". La loi relative à " lentrée et au séjour des étrangers en France et à lasile ", adoptée le 11 mai 1998, sest révélée globalement décevante, notamment au regard de lintention affichée par le Parti socialiste dans son projet pré-électoral davril 1997, " Pour une nouvelle politique de limmigration et de lintégration " . En présentant son projet de loi, le ministre de lIntérieur, Jean-Pierre Chevènement, avait affirmé sa volonté de contrebalancer lapplication " restrictive " faite en France de la Convention de Genève de 1951 concernant les auteurs de persécutions. Mais lasile constitutionnel et lasile territorial institués par la loi nont constitué que des palliatifs. Très peu détrangers en ont bénéficié depuis lentrée en vigueur de la loi. En outre, lextension simultanée de la procédure dite " prioritaire " à une nouvelle catégorie de demandeurs ne sest pas accompagnée dune amélioration des procédures dasile comme lavait pourtant promis le ministre.
Pour toutes les raisons exposées dans ce document, la mise à plat de toute la politique dasile en France apparaît urgente. En novembre 1998, Martine Aubry, ministre de lEmploi et de la Solidarité, constatait que certaines difficultés étaient " liées à lallongement des délais de procédures " et elle indiquait quun groupe de travail avait été mis en place pour " améliorer les délais dinstruction des demandes " . En novembre 1999 puis le 26 janvier 2000, en sadressant successivement aux ministres directement concernés puis au Premier ministre, Amnesty International Section Française a demandé que le gouvernement associe sans tarder à ces travaux le HCR, les experts et associations concernés afin de mener ensemble une évaluation rigoureuse et de discuter des améliorations à envisager.
Lasile dit " constitutionnel "
La loi du 11 mai 1998 na pas fondamentalement changé le traitement des demandes de reconnaissance du statut de réfugié. Le nombre de statuts accordés chaque année reste sensiblement le même pour les premières demandes : environ 5 % de reconnaissance par lOffice français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) et 5 à 7 % par la Commission des recours. Avant la loi du 11 mai 1998, les persécutions némanant pas des autorités publiques ou officielles du pays dorigine nétaient admises, pour la reconnaissance du statut, que dans quelques cas limités : les situations où " les autorités publiques ont volontairement toléré ou encouragé les agissements ", puis, plus récemment, les cas où toute demande de protection à ces autorités aurait été vaine. Désormais, à lapplication de la Convention de Genève, sajoute la référence au préambule de la Constitution qui permet de reconnaître la qualité de réfugié à toute personne " persécutée en raison de son action en faveur de la liberté ". Cet " asile constitutionnel " est censé protéger les " combattants de la liberté " mais, pour la première année de son application, la Commission des recours naura attribué le statut de réfugié en linvoquant quune seule fois. Dailleurs, comme le reconnaît Jean-François Terral, alors directeur de lOFPRA, " la grande majorité des combattants de la liberté sont également éligibles à la Convention de Genève ". Nous avions craint, apparemment à juste raison, le côté symbolique de cet ajout en raison des déclarations gouvernementales pendant les débats au Parlement. Le ministre de lintérieur avait en effet estimé que, " les combattants de la liberté sont par définition en petit nombre [ ]. Il sagira dun flux minime ". Quant à Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, il annonçait déjà que " la pratique suivie devra maintenir un juste équilibre avec la préoccupation de maîtrise des flux migratoires ".
De même, si aujourdhui un " véritable " asile territorial existe bien dans la loi, il restera de peu defficacité tant quil sera accordé au compte-gouttes. Les premières indications confirment en effet les craintes dune application restrictive de ce dispositif. En décembre 1999, le ministère de lIntérieur a fourni au Parlement quelques chiffres officiels : en 1998, 1339 demandes, 224 dossiers traités, 8 décisions favorables, soit un taux daccord de 3,6%. En 1999, sur 5 mois, progression des demandes de 116%, environ 9% de décisions favorables. En 1998, les Algériens étaient les plus nombreux des demandeurs (982, 73% du total) et des bénéficiaires (6 pour 108 rejets, taux daccord de 5,5%).
Les Algériens sont ainsi moins nombreux à être protégés que sous les dispositifs discrétionnaires précédents. En effet, entre 1994 et 1998, 3 000 à 4 000 Algériens menacés " du fait des activités des groupes islamistes " se sont vu remettre un titre de séjour en application du télégramme du 22 décembre 1993. En France, lasile " territorial " a ainsi longtemps résulté de textes du ministère de lIntérieur généralement non publiés (circulaires, télégrammes, instructions) afin de ne pas créer d" effet dappel ". Pour supprimer le caractère " totalement arbitraire et discrétionnaire " de ces dispositions dénoncé par le projet socialiste davril 1997, le gouvernement a agi en deux temps.
Dans un premier temps, il a voulu régler par circulaire les " situations inextricables " de certains étrangers se retrouvant " sans papiers " du fait des législations antérieures et, parmi eux, de ceux qui couraient des " risques vitaux " en cas de retour dans leur pays. Sur 6 300 demandes fondées sur ce seul critère examinées au ministère de lIntérieur, environ 6 % seulement ont été acceptées, permettant laccès au séjour denviron 400 personnes . En janvier 1999, quatre associations ont alerté le Premier ministre, Lionel Jospin, sur le trop grand nombre de rejets au titre de ce critère en affirmant, dossiers à lappui, que certains des recalés seraient en danger en cas de renvoi dans leur pays. Les contacts avec le cabinet du ministre de lIntérieur ont permis dapprendre que la situation des personnes déboutées de leur demande dasile navait pas été réexaminée sauf si elles avaient fait valoir un élément nouveau ou une persécution non étatique. Pour sa part, le Premier ministre na pas répondu malgré les relances.
Dans un deuxième temps, la loi du 11 mai 1998 a donné au ministre de lIntérieur le pouvoir daccorder lasile territorial à létranger dont " la vie ou la liberté est menacée dans son pays " ou qui y est " exposé à des traitements contraires à larticle 3 de la Convention européenne des droits de lhomme " . Malheureusement, dès ladoption du texte, le ministre a donné le ton en précisant quil sagirait dune " mesure humanitaire durgence [ ], dapplication restreinte [ ], largement discrétionnaire [ ], pour des cas exceptionnels [ ], de portée limitée " .
La procédure nest effectivement pas très attractive. Tout dabord, pendant la période dexamen qui peut durer de nombreux mois, le demandeur ne bénéficie daucune possibilité dhébergement ni daide sociale. Ensuite, lamendement adopté à la demande du ministre selon lequel lasile ne sera accordé que " dans des conditions compatibles avec les intérêts du pays " fait craindre des décisions prises pour des raisons autres que la seule nécessité dapporter une protection à une personne. Cette crainte nest pas infondée si lon sait que Jean-Pierre Chevènement a une vision très étendue de ces intérêts quil a en effet définis comme " politiques, diplomatiques, économiques, culturels, stratégiques ". En outre, labsence de motivation des décisions de rejet et le caractère non suspensif des recours limitent de fait la possibilité de faire réviser une décision erronée ou mal fondée.
La situation des étrangers dont la demande de statut de réfugié a été préalablement rejetée est particulière. La loi du 11 mai 1998 donne en effet le pouvoir à lOFPRA et à la Commission des recours de se prononcer sur lopportunité daccorder lasile territorial lorsquils estiment quun dossier ne relève pas du statut de réfugié. En 1998, après lentrée en vigueur de la loi, trente dossiers ont ainsi été recommandés par lOffice au ministre de lIntérieur. Toutefois, ce dernier nest pas lié par cette saisine et peut rejeter la demande dune personne alors même que ses craintes de persécution en cas de retour ont été jugées fondées. En outre, des personnes éligibles à la protection du statut de réfugié sont parfois orientées abusivement vers la procédure dasile territorial dont les droits sont bien moindres. Enfin, le ministère risque de réserver un examen moins attentif aux dossiers qui ne lui auront pas été signalés. Le décret du 23 juin 1998 prévoit en effet une procédure durgence, notamment pour ces situations ; le demandeur peut alors être interpellé et placé en rétention pendant lexamen " en urgence " de son dossier.
La loi nest déjà pas favorable aux demandeurs ; la circulaire du 25 juin 98 est venue encore réduire leurs chances. Au point que France Terre dAsile, Amnesty International et le GISTI ont intenté un recours en Conseil dÉtat pour en demander lannulation. Par un arrêt du 26 janvier, le Conseil dÉtat a jugé les associations fondées à demander lannulation de cinq dispositions de la circulaire et en particulier la restriction de lattribution de lasile territorial aux seuls cas où " les menaces ou les risques émanent de personnes ou de groupes distincts des autorités publiques de ce pays ". Cette restriction a néanmoins permis au ministre de lIntérieur dexclure pendant dix huit mois les ressortissants de pays comme lAfghanistan, la République Démocratique du Congo, le Sri Lanka, la Turquie sils invoquaient des menaces des autorités de leur pays. Combien le ministre a-t-il rejeté de demandes, depuis lentrée en vigueur de la loi, du seul fait de cette disposition aujourdhui censurée ? Que va-t-il décider pour ces personnes rejetées à tort ?
Lextension de la procédure " prioritaire "
La loi du 11 mai 1998 a par ailleurs augmenté les cas de recours à la procédure " prioritaire " qui réduit les droits des demandeurs. Depuis 1993, cette procédure permet au préfet de refuser ladmission au séjour dun demandeur en cas de menace grave pour lordre public, de fraude délibérée, de recours abusif ou de demande présentée uniquement en vue de faire échec à une mesure déloignement . La nouvelle catégorie concerne les ressortissants originaires des pays pour lesquels la " clause de cessation " de la Convention de Genève a été appliquée c'est-à-dire les pays dans lesquels les circonstances qui ont poussé des personnes à fuir ont cessé d'exister. Cette décision est regrettable car les personnes concernées ne bénéficient pas de toutes les garanties de procédure : manque de temps pour en comprendre les subtilités et rassembler les documents nécessaires, examen des dossiers par lOFPRA souvent trop rapide, sans entretien avec les intéressés, recours contre la décision de rejet perdant son caractère suspensif.
Le rapporteur de la commission des lois de lAssemblée nationale avait regretté " lapproche collective " de cette nouvelle mesure et souligné que " cette rédaction subordonne lexercice de garanties à lappartenance à une nationalité ". Or, le nombre de demandes traitées selon cette procédure sest encore accru : 516 en 1994, 620 en 1995, 581 en 1996, 1 080 en 1997, 2200 en 1998 et 1999. En 1998, comme le ministre le recherchait, cette dernière augmentation concernait principalement les Roumains touchés par la modification apportée par la loi du 11 mai 1998.
La situation des demandeurs admis au séjour
Le ministre de lIntérieur avait annoncé que lextension de la procédure prioritaire saccompagnerait dune amélioration des procédures dasile et, notamment, de lassurance dun " entretien individualisé à lOFPRA pour chaque demandeur " . Nous sommes loin des promesses. La durée de traitement des dossiers augmente et les moyens humains et financiers diminuent. En 1998, lOffice a en effet connu une forte érosion en personnel (dix départs) qui ne devait être rattrapée que fin 1999 et aucun accroissement nétait prévu au budget de lannée 2000. Après laugmentation des demandes dasile constatée en 1999, lOFPRA a dû " restocker " 6000 nouveaux dossiers. Ces restrictions ont des conséquences multiples.
Tout dabord, les demandeurs sont de moins en moins nombreux à être convoqués pour expliquer personnellement et en détail les raisons qui les ont poussés à fuir : 55% en 1994, 45% en 1997, 40% en 1998, 37% en 1999. LOFPRA se contente alors de lexamen du formulaire souvent rempli alors que le demandeur, par manque de conseils, na pas su présenter correctement sa demande. Or, il est reconnu que seul le contact direct permet dapprécier limportance des menaces et des persécutions vécues par une personne. Laudition systématique avait dailleurs été recommandée par une mission daudit de lOFPRA.
Par ailleurs, les demandeurs qui sont hébergés dans des foyers pendant la durée de leur procédure y demeurent plus longtemps. Depuis 1997, environ six cents places nouvelles ont bien été créées mais cela ne suffit pas à couvrir la demande. Près de deux mille demandeurs sont dans lattente dune place hypothétique et il ne semble pas prévu daccroître la capacité de manière conséquente. Une récente circulaire rappelle que " laccueil des demandeurs dasile constitue une obligation découlant de la Convention de Genève " mais préfère recommander aux préfets de mettre en place localement " des solutions innovantes " . Enfin, lallocation mensuelle versée aux demandeurs ne bénéficiant pas de cet hébergement a certes été portée de 1 300 à 1 700 francs en 1998 mais la durée de ce versement est toujours limitée à une année. Plus la procédure traîne, plus est important le nombre des demandeurs qui se retrouvent complètement démunis.
Crise de lasile en France
Action d'Amnesty Janvier 1999
- Objectif de cette action
Résumé de nos préoccupations
Eléments pour bâtir un courrier
accompagnant le document R01
Quelques
exemples de demandes dasile territorial
Amnesty International Section Française demande au gouvernement de mener sans tarder une évaluation rigoureuse de la situation de l'asile en France et de discuter des améliorations à envisager avec le HCR, les experts et associations concernés.
En novembre 1999, une note a été adressée en ce sens aux 3 ministères directement concernés et à l'OFPRA. Elle a été publiée dans la revue Plein droit du GISTI du mois de décembre. A ce jour, nous navons reçu aucune réaction des pouvoirs publics. Le document joint a alors été adressé au Premier ministre le 26 janvier avec la même requête.
La note de novembre débutait ainsi "aujourd'hui le système d'accueil des demandeurs d'asile est en crise". La crise semble être aggravée par laugmentation importante, entre 1998 et 1999, du nombre de demandes dasile déposées aux frontières (2500 à 4000, +60%) et à l'OFPRA (22 375 à 30 800 selon les chiffres provisoires, +35%). L'administration semble réaliser cette augmentation tardivement. Dans la même note, nous écrivions par exemple que "la forte érosion en personnel connue par lOFPRA en 1998 ne sera rattrapée que fin 1999 et aucun accroissement nest prévu au budget de lannée 2000".
Il est probable que le gouvernement examine actuellement la situation et envisage divers types de mesures. Sans doute pas uniquement budgétaires. Le risque nest pas exclu que des mesures restrictives soient décidées afin d'enrayer cette augmentation. A titre d'exemple, lors de la dernière réunion au ministère de l'Intérieur sur le fonctionnement des zones dattente (cf. Info Réfugiés 02/12/99), il nous a été clairement dit que les contrôles "passerelle", à la sortie de certains avions, allaient se développer. Les associations concernées craignent que les étrangers contrôlés à la sortie immédiate dun vol ne bénéficient pas de tous les droits prévus par les textes, en particulier dun accès libre à la procédure dasile.
Aujourdhui, AISF tient à faire largement connaître les préoccupations adressées aux ministères il y a plus de trois mois puis au Premier ministre le 26 janvier. Cette action peut être complétée par lajout de préoccupations ou de recommandations locales spécifiques. Dans les mois ou les semaines qui viennent, il nest pas exclu que les associations concernées par lasile en France envisagent de nouvelles actions en commun.
2- Résumé de nos préoccupations
Pour les premières demandes dasile, le nombre de statuts accordés reste sensiblement le même chaque année : environ 5 % de reconnaissance par lOFPRA et 5 à 7 % par la Commission des recours.
A lOFPRA, la durée de traitement des dossiers augmente mais pas les moyens humains et financiers. En 1998, lOffice a connu une forte érosion en personnel qui na été rattrapée que fin 1999 et aucun accroissement nest prévu au budget de lannée 2000. Conséquences : les demandeurs dasile sont de moins en moins nombreux à être convoqués à lOFPRA (55% en 1994, 37% en 1999), près de deux mille demandeurs sont à la porte des foyers, linterruption au bout dune année du versement de lallocation mensuelle touche davantage des demandeurs non hébergés en foyer.
Application de la loi du 11 mai 1998
3- Eléments pour bâtir un courrier accompagnant le document R01
Aujourdhui, la situation de l'asile en France est en crise et AISF a demandé au Premier ministre que le gouvernement mène sans tarder une évaluation rigoureuse de cette situation et discute des améliorations à envisager avec le HCR, les experts et associations concernés.
En novembre 1999, le président dAISF avait adressé une demande équivalente aux ministères directement concernés et avait attiré leur attention sur le fait que, déjà à lépoque, les dossiers s'accumulaient à l'OFPRA, que les files d'attente s'allongeaient pour tenter dobtenir un hébergement en foyer et que le nombre de demandeurs d'asile démunis de toute allocation après une année d'examen de leur demande s'accroissait.
Le nombre de demandes d'asile déposées en France a augmenté de manière importante en 1999 mais les moyens des services concernés semblent ne pas avoir été accrus en conséquence dans le budget adopté pour l'année 2000. Depuis 1994, le pourcentage de demandeurs dasile ayant la chance de pouvoir expliquer oralement à lOFPRA les raisons qui les ont poussés à fuir leur pays ne cesse de chuter pour seffondrer à 37% en 1999, cela malgré les promesses de généralisation de ces convocations.
Les deux mesures prises en 1998 dans la nouvelle loi sur l'asile n'ont bénéficié qu'à très peu de personnes. Pour la première année d'application de la loi, l'asile constitutionnel n'a été invoqué qu'une seule fois par la Commission des recours et le ministre de l'Intérieur n'a attribué l'asile territorial qu'à 8 personnes en 224 décisions.
Quelques exemples de demandes dasile territorial
Refus dasile territorial à un Albanais du Kosovo
Monsieur X arrive en France en 1993. LOFPRA puis la Commission des recours lui refusent le statut de réfugié que plusieurs personnes de sa famille avaient obtenu. La préfecture du Vaucluse rejette sa demande de régularisation en avril 1998 car il " napporte pas de preuve des risques " courus dans son pays et le menace dune décision de reconduite dans son pays alors que les renvois des Kosovars ont été suspendus en mars par le ministère de lIntérieur. Le ministère lui refuse pourtant lasile territorial le 24 mars 1999, au moment précis où les bombardements de lOTAN débutent ; la préfecture lui notifie le refus le 13 avril 1999 au plus fort de lexode vers lAlbanie et la Macédoine.
La régularisation de sa situation interviendra par la suite dans le cadre des mesures spécifiques prises pour les Kosovars.
Refus dasile territorial à une Algérienne
Madame Z. arrive en France en 1997. LOFPRA puis la Commission des recours lui refusent le statut de réfugié en 1998 tout en reconnaissant la réalité de ses craintes. Le président de la Commission saisit le ministre de lIntérieur de son cas le 24/6/1998 ; elle mentionne en effet des menaces de mort et la disparition ou la mort de plusieurs collègues de travail. Toutefois, le ministre rejette la demande dasile territorial le 8/9/1998 après un " examen attentif " ainsi que le recours gracieux le 30/9. Le 2/10, la préfecture lui envoie la traditionnelle " invitation à quitter le territoire " selon laquelle, si elle se maintient en France, " une mesure déloignement sera normalement mise à exécution à destination [de son] pays ".
Des associations locales se mobilisent, la diffusion dans la presse dune lettre ouverte au Premier ministre provoque lintervention dun élu, un courrier dAmnesty International est adressé au ministère de lIntérieur Finalement, peu de temps après, un titre de séjour dun an lui sera remis.
Orientation vers lasile territorial dun Tunisien
Monsieur Y déclare avoir été arrêté, interrogé, soumis à la torture à la suite de larrestation de son frère, jugé par un tribunal militaire en 1992 et condamné à 25 ans de prison. En octobre 1998, lOFPRA loriente vers lasile territorial en linformant que sa situation ne relève pas de la Convention de Genève. Amnesty International sadresse à lOFPRA en faisant remarquer que des observateurs étaient présents au procès de son frère, quun nombre croissant de Tunisiens sont persécutés à titre de " punition " pour les activités politiques de leurs proches et que le dossier de Monsieur Y. nous semble relever de la Convention de Genève. Le directeur de lOffice maintient sa position.
La Commission des recours lui reconnaîtra finalement le statut.
Décision du Conseil dEtat du 26/1/2000
Requêtes de FTDA, AISF du 29/10/98 et du GISTI du 10/12/98 demandant lannulation de la circulaire du 25/6/98 relative à lasile territorial
Lasile territorial a été créé par la loi du 11/5/98, ses dispositions ont été précisées par le décret du 23/6/98 puis par la circulaire du 25/6/98 des ministères de lIntérieur et des Affaires étrangères. Cette circulaire venait restreindre lapplication de la loi. AISF sest adressée au ministère de lIntérieur par un courrier du 4/9/98 et un recours préparé avec France Terre D'Asile a ensuite été déposé au Conseil dEtat grâce à laide du cabinet Waquet.
Le Conseil dEtat navait pas à se prononcer sur le contenu de la loi mais sur la conformité de la circulaire avec la loi et le décret. Les principales préoccupations dAISF relatives à lasile territorial subsistent : le demandeur ne bénéficie daucune assistance pendant ses démarches (aucune allocation, aucune possibilité dhébergement en centre daccueil), le rejet du ministère de lIntérieur nest pas motivé, le recours contre ce refus nest pas suspensif.
Le Conseil dEtat a annulé 5 dispositions de la circulaire :
Le Conseil dEtat na pas suivi les associations sur deux points :