Merci à tous mes amis d'Amnesty International !
Lorsque j'ai été informé du travail considérable et ardu que vous accomplissez, vous, les membres d'Amnesty International, en faveur de ceux qui souffrent de l'oppression politique dans le monde entier, j'ai été profondément touché par votre compassion et votre détermination sans faille. Je n'aime guère écrire des louanges - ce n'est d'ailleurs pas mon fort- je vais donc plutôt vous raconter une anecdote.
Quand j'étais en prison, le traitement que je subissais variait de temps en temps, parfois meilleur, parfois pire. Au début, je ne comprenais pas pourquoi, mais plus tard je compris que les pressions exercées par la communauté internationale ainsi que par divers gouvernements étrangers, jouaient un rôle important dans ces variations.
À l'occasion d'une de ces périodes plus favorables, un gardien qui ne m'adressait habituellement jamais la parole engagea la conversation. On a discuté un moment et je lui ai demandé d'un air très dégagé : " Je suppose que moins de lettres arrivent pour moi ces derniers temps, pas vrai ? " Le gardien m'a regardé alors et c'est exclamé incrédule : " Moins de lettres? mais, mon vieux Wei, si tu savais le nombre de lettres que tu reçois ! " Il a alors réalisé qu'il venait de faire une gaffe et s'est éclipsé rapidement. Je me suis alors souvenu de ce qu'en 1979 mon amie Marie Holzman, m'avait dit du travail d' Amnesty International. Beaucoup de personnes travaillaient silencieusement, pendant des années, envoyant des lettres en faveur des prisonniers d'opinion. Cette pensée me procura un réconfort surpassant de loin celui que pouvaient susciter les petites améliorations apportées de temps à autre de mes conditions de vie.
Votre travail est d'une valeur inestimable pour ceux qui souffrent de l'oppression politique. Son succès est peut-être plus grand que vous ne pouvez l'imaginer. Le message que je souhaite vous transmettre, à vous tous, est celui-ci : ayez confiance.
Votre ami pour toujours.
Wei Jingsheng .